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Pourquoi le plan de sauvetage de 750 milliards est un coup d’épée dans l’eau
26/05/2010 12:31
Dans une tribune publiée dans le quotidien Le Monde, NDA analyse l'impasse du "sauvetage" d'un l'euro qui va étouffer de plus en plus la croissance. Il plaide en conséquence pour une sortie ordonnée et rapide de la monnaie unique, seule issue pour sauver la construction européenne
Cet article, l’un des rares dans les colonnes du quotidien du soir à contester le dogme de l’euro, suscite les commentaires enflammés des abonnés. Vous pouvez les retrouver ici.
Sortir de l’euro pour sauver l’Europe, par Nicolas Dupont-Aignan
Lemonde.fr, lundi 24 mai 2010
Le plan de 750 milliards pour soi-disant sauver l’euro ne résout rien. Il n’aura d’ailleurs fallu que 24 heures aux marchés pour s’en rendre compte.
Refusant d’admettre l’échec de l’euro, les dirigeants européens ont engagé l’Union dans une double impasse, économique et politique.
L’impasse économique réside tout simplement dans l’impossibilité d’appliquer durablement une monnaie unique à des économies trop différentes. Le plan de 750 milliards d’euros ne traite pas la cause du mal : l’euro trop cher pour les économies du Sud (Portugal, Espagne, Italie, Grèce) et la France, dont la compétitivité s’est dégradée au fil du temps face à l’Allemagne. Le résultat est là : les importations augmentent, les exportations ralentissent, les déficits extérieurs se creusent, les pays s’appauvrissent, les déficits budgétaires et les dettes explosent. Seule la dévaluation qui impose d’abord la sortie de l’euro pourrait leur permettre de relancer leur économie pour ensuite rééquilibrer les comptes publics. N’oublions jamais qu’en 1958 le général de Gaulle a pu, avec Jacques Rueff, mener une politique exemplaire de redressement des finances publiques car il avait accepté parallèlement une dévaluation de 18 %.
Après nous avoir expliqué pendant des années que l’euro c’est plus de croissance et le rapprochement des économies, les dirigeants européens désavoués par les faits récitent un nouveau discours incantatoire : il faut instaurer un gouvernement économique.
Mais avec quelle légitimité démocratique et pour quelle politique ? La réponse des intégristes de la Commission et de la Banque centrale européenne sous influence allemande ne s’est pas fait attendre : il faut de la rigueur. Malheureusement cette politique d’austérité déjà avalisée par les dirigeants espagnols, grecs et portugais, va aboutir à l’effet inverse à celui recherché : diminution de la consommation, contraction du PIB, explosion du chômage, diminution des recettes fiscales.
Paradoxalement, la lutte contre les déficits sans croissance aboutit à l’explosion des déficits et de la dette, non à leur diminution. C’est un mécanisme bien connu en histoire économique, dont le fameux épisode du "Bloc-or" imposé par Laval en France entre 1932 et 1935, a abouti au saccage de l’économie française durant l’entre-deux-guerres ; pendant ce temps, cette même déflation installait Hitler au pouvoir en Allemagne… Aujourd’hui, on se propose même d’inscrire ces politiques de déflation dans le marbre d’une "gouvernance européenne" exclusivement punitive et quasiment pas solidaire, comme vient de le rappeler Angela Merkel, refusant une "Union des transferts financiers". Voudrait-on tuer le malade qu’on ne s’y prendrait pas autrement !
MAIS L’IMPASSE N’EST PAS SEULEMENT ÉCONOMIQUE, ELLE EST AUSSI POLITIQUE.
Tout d’abord, le plan de soutien de 750 milliards n’est que virtuel et il calera aussitôt qu’on voudra le mettre en œuvre. A l’exception du premier versement à la Grèce, dès qu’il s’agira de passer à la caisse pour des sommes beaucoup plus importantes, bien évidemment, plus personne ne voudra payer. Les peuples du Nord ne voudront pas mettre la main à la poche pour ceux du Sud. En désavouant Madame Merkel et en lui faisant perdre la majorité au Bundesrat, les électeurs allemands l’ont clairement dit. Ils ne veulent pas payer ni s’endetter pour financer à fonds perdu les économies du Sud. Les peuples du Sud de leur côté ne voudront pas subir des politiques d’austérité qui, loin de résoudre leurs problèmes de compétitivité, vont les aggraver. Les troubles sociaux aboutiront obligatoirement à des soubresauts politiques.
On le voit, l’euro n’est pas réformable. La seule solution reste donc bel et bien le retour des monnaies nationales, qui pourraient être assorties d’un euro monnaie de réserve les surplombant et garantissant une coordination économique volontaire. Le plus tôt serait le mieux, car il est bien entendu préférable d’opérer ce changement tant qu’il en est encore temps, en bon ordre, plutôt que sous la contrainte de l’urgence. Et qu’on arrête de faire croire que la disparition de l’euro dans sa forme actuelle signerait la disparition de l’Europe. L’existence de pays comme la Suède et le Danemark, qui refusent l’euro tout en étant des membres exemplaires de l’Union européenne, démontre s’il en était besoin que ce discours de peur ne repose sur aucun fondement sérieux !
Hélas, les dirigeants européens ne veulent pas entendre raison… Quand comprendront-ils qu’en s’arc-boutant pour défendre coûte que coûte l’euro, ils éloignent les peuples de la construction européenne et prennent le risque de la déconsidérer définitivement ? Pendant ce temps, la Chine, le Brésil, l’Inde, laissent déprécier leur monnaie pour gagner des parts de marché, mettent en œuvre un protectionnisme déguisé pour défendre leurs plus belles entreprises et investissent massivement dans l’éducation, la connaissance, la science.
Bâtir des coopérations industrielles à la carte, multiplier les partenariats scientifiques, faire revenir les dizaines de milliers de chercheurs européens exilés aux Etats-Unis, redonner une dignité par le travail et un espoir aux jeunes générations, mettre en œuvre une politique familiale pour renouveler la démographie… Voilà les vrais défis !
Nicolas Dupont-Aignan est député de l’Essonne et président du rassemblement gaulliste Debout la République.
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Stigmatisantes, traumatisantes
25/05/2010 14:37
EDUCATION NATIONALE
Stigmatisantes, traumatisantes, les notes dans le collimateur des défenseurs de Monchéri-Moncœur !
par David Desgouilles
Cette semaine, trois fédérations de parents d’élèves ont lancé un appel à Luc Chatel, ministre de l’Education nationale. Il s’agissait de mettre en cause le système de notation encore en vigueur dans nos contrées, jugé trop stigmatisant pour les enfants. A la FCPE, classée à gauche et depuis longtemps acquise aux délires pédagogistes, se sont jointes la PEEP, plus à droite, et même l’APEL, principale force parentale dans l’enseignement privé.
Stigmatisantes ! C’est vraiment le mot à la mode, ces temps-ci. Un député UMP, d’autant plus acquis aux thèses pégagogistes qu’il enseigne les trop fameuses sciences de l’éducation dans une fac de sport, avait utilisé le mot “traumatisantes”. Ces organisations et ce parlementaire sarkozyste s’appuient sur les thèses d’un certain Antibi sur la “constante macabre”, thèses auxquelles Jean-Paul Brighelli avait, avec sa verve habituelle, fait un joli sort.
Dans beaucoup d’écoles primaires, déjà, on ne note plus et on se contente d’un barème entre A (acquis), B (en cours d’acquisition) et C (non acquis). Il paraît que c’est moins stigmatisant que les notes sur dix ou sur vingt. Il s’agirait d’une évaluation plus juste et qui rendrait mieux compte de la progression des élèves. Et les associations de parents d’élèves ne craignent même pas le ridicule de souhaiter que l’on remplace les notes par un “contrat de confiance”, reprenant le slogan publicitaire d’une firme vendant de l’électroménager. Plus “d’interros surprises”, il faut que l’élève connaisse systématiquement ce sur quoi il sera interrogé. S’il ne le sait pas, c’est un piège. Pas la peine de tenter de leur faire comprendre que ce genre d’interrogations est provoquée dans le but de vérifier que les élèves font preuve de régularité dans le travail. Des pièges qu’ils vous disent ! Qu’on leur donne directement le corrigé ; ils ne sont jamais piégés.
Les trois organisations accusent les profs de se faire sélectionneurs. Et d’organiser une compétition malsaine entre les élèves. Une compétition ! Vade retro satanas ! Des gosses qui chercheraient à devenir meilleurs que leurs copains et leurs copines et qui souhaiteraient -horreur- à être les premiers de la classe. Comment l’école pourrait donc cautionner de si vils sentiments ? Il ne faudrait pas s’arrêter en si bon chemin. Il est urgent d’interdire les matches de foot et les concours de corde à sauter dans les cours de récré ou, à tout le moins, qu’on ne compte pas les points. Qu’il n’y ait ni vainqueurs ni vaincus. Trop stigmatisant ! Trop traumatisant ! Même si ce sont eux qui s’évertuent à vouloir absolument savoir qui gagne à la fin, il faut, à tout prix, faire leur bien, malgré eux, et leur annoncer fièrement, comme à l’école des fans de feu Jacques Martin, que tout le monde a gagné.
En fait, notes ou pas notes, les gosses cherchent toujours à savoir qui est le ou la meilleur(e) d’entre eux. C’est humain. Cette compétition existera toujours. Permettre qu’elle soit encadrée par le Maître, et la solennité d’interrogations notées, demeure la solution la plus satisfaisante, surtout pour l’enfant qui sait ainsi où il se situe par rapport à ses semblables. Ce qui est traumatisant, c’est de ne pas savoir. L’argument le plus solide, et à vrai dire le seul, qui est avancé par les adversaires du système de notation tel qu’il existe aujourd’hui est le suivant : on ne valorise pas assez le bon travail, stigmatisant plutôt le mauvais. Au risque de surprendre, je ne le conteste pas. Mais, ajouté-je, à qui la faute ? Sous la pression de quels idéologues a t-on supprimé les prix et les tableaux d’honneur ? N’est-ce pas sous la pression pédagogiste qu’on les a abandonnés, pour crime d’élitisme, même républicain ?
Laissez moi vous conter une histoire, authentique. Il était une fois un petit garçon de douze ans. Le Général de Gaulle venait de revenir au pouvoir, c’est dire si ce n’est pas nouveau. Fils d’ouvrier-maçon et de cultivatrice, ce gosse était le meilleur élève à l’école communale de son village, le premier des ânes, comme on lui disait et qu’il nous répète encore aujourd’hui. Mais il fut tout de même conseillé à la famille de l’envoyer au lycée Rouget de Lisle au chef-lieu de département. La première année, pensionnaire, dépaysé, éloigné des siens, il ne fera pas une bonne année. Lorsqu’il lui est arrivé de parler de cette première année, on sentait qu’il avait beaucoup souffert. Mais c’était une époque où le redoublement n’était pas encore un gros mot. Il “retape” et, lors de sa seconde sixième, il va même apparaître au tableau d’honneur, raflera quelques accessits et surtout un premier prix de Latin. Fier comme Artaban, il le ramènera à son curé, qui faisait partie de ceux qui croyaient beaucoup en sa réussite. Le curé en question sera très fier lui aussi.
Comment peut-on mieux montrer à quel point abandonner ces cérémonies solennelles de remises de prix fut un crime contre l’Ecole de la République ? Qu’un gosse d’ouvrier, de paysan ou de chômeur ne puisse pas, par la force de son travail, de ses efforts, montrer aux siens -mais surtout à lui-même- qu’il peut rafler des prix au nez et à la barbe de ses copains plus fortunés, c’est déjà une erreur. Lui enlever aujourd’hui la possibilité d’être le premier de la classe, en supprimant les notes, serait une faute impardonnable.
Au lieu de supprimer les notes, rétablissons donc plutôt les prix, les tableaux d’honneur et ces cérémonies de fin de trimestre ou d’année qui seront autant de rites de passage. Récompensons le mérite. C’est cela la République, c’est cela l’Egalité, qui, comme l’écrivait récemment Natacha Polony, n’a rien à voir avec l’égalitarisme. Désignons les meilleurs, redonnons les en exemple. Vous verrez alors que les gosses seront moins traumatisés, et les élèves plus faibles moins stigmatisé
- Au niveau de sa direction parisienne. A la base, c’est plus compliqué.
- A égalité avec “dérapage”
- Je n’écrirai pas le nom de ce monsieur ici. Mais il n’est pas dit qu’il n’aura pas le droit à un texte dédié un de ces jours, un joli portrait bien stigmatisant, qui pourrait bien traumatiser ses électeurs, lorsqu’ils apprendront que leur député de droite partage la même conception de l’école que Gaby Cohn-Bendit.
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Pourquoi il faut mettre fin à la monnaie unique
25/05/2010 14:22
Même si les adorateurs de l’euro continuent à bêler que la monnaie unique nous protège (on se demande bien de quoi), les pays de la zone euro deviennent tous les jours plus conscients des dangers de la monnaie unique. Voilà pourquoi il devient urgent de mettre fin à cette hasardeuse expérimentation.
Le mythe de la protection
Pour être honnête, il faut bien reconnaître que la monnaie unique a eu quelques effets bénéfiques. Tout d’abord, elle facilite les échanges (frontaliers, touristiques, commerciaux) au sein de la zone, même si elle n’a pas fondamentalement accéléré un mouvement qui lui préexistait largement. Ensuite, dans un premier temps, la convergence des taux longs a permis aux pays qui souffraient d’une forte prime de risque de réduire considérablement le coût de leur dette.
Mais cette convergence s’est interrompue en 2008 et nous sommes revenus à la situation d’avant l’euro. En outre, il convient de tordre le cou à l’idée reçue que l’euro nous aurait protégés. Un simple examen des chiffres le démontre clairement : la zone euro est entrée en récession dès le 2ème trimestre 2008, soit un trimestre avant les Etats-Unis. En 2009, le PIB étasunien a baissé de 2,5%, contre 4% en Europe et en 2010, la croissance sera de 1% de ce côté ci de l’Atlantique, contre 3% de l’autre.
Et pourtant, la récession venait des Etats-Unis et y a été beaucoup plus dure que chez nous, avec une baisse de 30% de la valeur de l’immobilier qui a durement touché des millions de ménages. La crise aurait du être beaucoup plus dure aux Etats-Unis et c’est à cause de la politique européenne qu’elle a été plus dure sur le vieux continent. Enfin, les derniers mois nous montrent bien que l’euro ne nous protège en aucun cas de la spéculation, qui s’est déplacée sur les taux des dettes souveraines.
La plaie de la surévaluation
En fait, l’euro est un boulet accroché aux économies européennes, qui pénalise la croissance économique des pays membres. La raison est assez simple : hormis à sa naissance et pendant quelques temps (où il est descendu jusqu’à 0,82 dollar), l’euro est une monnaie structurellement surévaluée. Les économistes estiment que son cours normal devrait être de 1 à 1,15 dollars à parité de pouvoir d’achat, soit encore une surévaluation de plus de 10% aujourd’hui (qui a atteint 50% mi-2008 à 1,6 dollar).
Et cette surévaluation encourage les délocalisations. Tout d’abord, Airbus, fleuron de notre industrie, a décidé d’augmenter la part de ses composants produits en zone dollar pour se prémunir de la surévaluation de l’euro : une partie du fuselage de l’A350 sera donc produit aux Etats-Unis. Un comble ! Les constructeurs automobiles Français ont suivi le même raisonnement : ils produisaient 3 millions de voitures en France en 2004. Ce chiffre est tombé à un peu plus de 1,5 en 2009…
La plaie de la désinflation compétitive
Il faut dire qu’outre le niveau trop élevé de l’euro, les pays de la zone souffrent de la politique de désinflation compétitive Allemande, conséquence logique de l’unification monétaire. En effet, dans un système de parité complètement fixe, chaque point de hausse de salaire de moins que le voisin est un point de compétitivité coût de mieux qui permet de gagner la bataille commerciale. C’est ce que l’Allemagne a compris depuis le milieu des années 1990 et applique avec toute sa rigueur.
Pire, ce comportement bien peu collectif a toutes les chances de pousser les autres pays à adopter la même politique de rigueur salariale absolue pour ne pas perdre en compétitivité. Mais déjà que cette politique avait un impact extrêmement négatif quand elle était uniquement poursuivie par l’Allemagne, elle pourrait se révéler désastreuse si davantage de pays y cédaient, car cela réduirait encore le potentiel de croissance d’une zone qui n’a déjà pas brillé dans ce domaine depuis 10 ans…
La plaie du « one size fits all »
Mais ce n’est pas tout. L’autre problème majeur de l’euro est d’imposer une même politique monétaire à un ensemble de pays aux réalités trop disparates. Autant les taux sont généralement trop élevés pour des pays comme la France et l’Allemagne, autant ils ont longtemps été trop faibles pour des pays à croissance et inflation plus fortes. 4% était beaucoup trop peu pour une Irlande dont la croissance nominale du PIB flirtait avec les 8% ou même pour l’Espagne ou la Grèce.
En effet, si on prend le cas de l’Espagne, pays qui avait un excédent budgétaire au milieu des années 2000, c’est bien l’euro qui a provoqué la bulle immobilière et le krach qui a suivi. En effet, les taux courts, à 4% alors que la croissance nominale de l’économie (croissance + inflation) dépassait les 6%, étaient trop bas, poussant tout le monde à investir. Si le pays avait pu mener une politique monétaire indépendante, nul doute que sa banque centrale aurait monté les taux et éviter la bulle.
Mais ce n’est pas tout, il y a des pays avec des excédents commerciaux et d’autres avec des déficits, nécessitant des politiques monétaires complètement différentes. Les premiers ont besoin que leur monnaie s’apprécie alors que les seconds ont besoin que leur monnaie se déprécie pour que les situations se rééquilibrent. En imposant une même politique à des pays différents, l’euro aggrave les problèmes au lieu de les résoudre. L’euro empêche les ajustements de la balance commerciale.
Une Zone Monétaire Non Optimale
En fait, les défauts de l’euro sont insurmontables car la zone euro n’est absolument pas une Zone Monétaire Optimale, comme le définissent les économistes, à savoir une zone géographique apte à partager une même monnaie. Aucun des trois critères nécessaires n’est rempli, à savoir la convergence macro-économique, la mobilité des travailleurs et l’existence d’un budget central. L’euro n’était qu’une aventure politique destinée à contraindre les Etats à construire l’Europe sur un modèle fédéral.
Le problème fondamental de la zone euro est que les pays qui y participent sont des pays trop dissemblables pour partager une même monnaie. Certains veulent utiliser cela pour pousser leur agenda fédéraliste. Mais même une intégration très rapide et forte serait insuffisante tant les pays sont différents et nécessitent, par-delà des transferts d’argent, des politiques monétaires radicalement différentes pour s’adapter à leurs réalités nationales.
L’alternative de la monnaie commune
Mais alors, que fait-on après la monnaie unique ? Il y a une solution qui permettrait de conserver l’euro tout en en corrigeant les faiblesses : en faire la monnaie commune de l’Europe, en réintroduisant des monnaies nationales qui permettront à chacun de mener des politiques adaptées aux différentes réalités nationales. Par exemple, un tel mécanisme aurait permis aux banques centrales Espagnole et Irlandaise de monter leurs taux pour éviter la formation d’une bulle immobilière dans les années 2000.
En outre, une telle construction (basée sur un Système Monétaire Européen permettant des dévaluations et des réévaluations) rendrait caduque les politiques excessives de désinflation compétitive, ce qui pousserait l’Allemagne à adopter une politique plus tournée vers la croissance que vers le contrôle des salaires. Mieux, un tel euro, qui deviendrait une monnaie d’échange, pourrait déborder du cadre de l’Union Européenne pour devenir un véritable rival du dollar, ce qu’il n’a pas fait aujourd’hui.
Certains agitent bien démagogiquement le spectre de taux d’intérêt à 10% en France, mais cela est malhonnête. Malgré le déficit le plus élevé du G7, la Grande-Bretagne arrive toujours à se financer à des taux raisonnables. D’autres avancent que la dette deviendrait ingérable en cas de dévaluation. Pas faux, sauf si les gouvernements imposent une conversion en monnaie nationale avant la dévaluation : de toutes les façons, mieux vaut cela qu’un défaut généralisé.
Surévaluation, compression de plus en plus forte des salaires et de la croissance, divergences économiques entre pays membres, encouragement des bulles, impossibilité d’ajuster les déséquilibres commerciaux : la monnaie unique est une catastrophe économique dont il faut sortir, vite !
Laurent Pinsolle
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Contrôle des budgets fédéralisme ou incompétence ?
23/05/2010 11:39
L’économiste Gabriel Collétis s’est penché sur le projet de soumettre les budgets des états à la Commission de Bruxelles. Une incongruité… et une vraie atteinte à la démocratie et à la souveraineté.
La Commission européenne semble emportée par l’élan fédéraliste récent tirant avantage de la crise grecque et de ses conséquences ainsi que de la façon dont elle aura été « résolue » : mise en place d’un fonds européen de stabilisation, possibilité pour la Commission d’emprunter avec la garantie des États.
Emportée donc par cet élan irrésistible, la Commission veut faire passer l’Europe d’une situation où certains ont pu se lamenter du manque de coordination des politiques et de l’absence de gouvernance économique à une configuration nouvelle dont un élément essentiel serait l’extension de la mise sous tutelle de l’État grec à tous les États de l’Union européenne.
Il s’agit, rien de moins, de soumettre l’appréciation des déficits des États européens à la Commission avant que ceux-ci ne soient examinés…et votés par les Parlements nationaux
Nous pensons qu’un tel projet, qui suscite une certain embarras dans les capitales européennes tant la proposition est énorme, soulève trois types de problèmes : un problème de souveraineté, un problème de démocratie, un problème d’efficacité économique.
Un problème de souveraineté en ce que le contrôle des déficits passe donc des États et leur Parlement à la Commission. C’est donc Bruxelles qui va décider si les déficits sont acceptables ou non, avant que les Parlements nationaux ne s’expriment. Que resterait- il alors de la souveraineté des États, ceux-ci ayant déjà été dépossédés de leur monnaie ?
Un problème de démocratie, très lié au précédent. Les experts de Bruxelles, non élus, vont donc se substituer aux élus des peuples. Il s’agit là d’une nouvelle étape dans le processus consistant à retirer tout pouvoir au Politique pour le confier à ceux qui savent ce qui est bon pour le peuple…vielle antienne d’une pensée libérale qui s’est toujours méfiée de la démocratie, lui préférant l’expertise.
Un problème d’efficacité économique, enfin. La fameuse norme de Maastricht -des déficits autorisés s’ils ne dépassent pas 3% du Pib- ne brillait déjà pas par la qualité de son fondement économique. Mais ici, comment Bruxelles va t’il juger ou contrôler des déficits dont le sens peut varier considérablement d’un pays à un autre ? Un même déficit en valeur relative peut signifier des cadeaux fiscaux accordés à tel groupe social ou catégorie d’acteur (on pense notamment au bouclier fiscal et surtout aux allégements de la fiscalité des plus-values accordés aux entreprises), une faiblesse de la croissance (le déficit public grec va mécaniquement augmenter avec la récession provoquée par le plan d’austérité), ou encore (mais ceci est malheureusement bien plus rare) des investissements préparant l’avenir (éducation, formation, recherche, infrastructures). Les problèmes actuels des pays européens ne sont pas non plus les mêmes : problème de solvabilité pour certains, de liquidité pour les autres, de compétitivité pour d’autres encore.
Pour qui ne voit les problèmes que comme des clous, un marteau seul semble suffire. La Commission veut être celle qui manie le marteau avant les autres !
Source : Marianne2.fr
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€uro : l’hypothèse du pire
21/05/2010 12:15
€uro : l’hypothèse du pire
Crise et chuchotements – http://www.voltairenet.org/article165451.html – par Jean-Michel Vernochet – 18 mai 2010 – article au format PDF
La crise budgétaire grecque, devenue crise de l’euro, n’est pas la conséquence fatale d’une autorégulation des marchés, mais d’une attaque délibérée. Pour Jean-Michel Vernochet, elle participe d’une guerre économique conduite, depuis Washington et Londres, selon les mêmes principes que les guerres militaires actuelles : recours à la théorie des jeux et stratégie du chaos constructeur. L’enjeu final est de contraindre les Européens à s’intégrer dans un Bloc atlantique, c’est-à-dire dans un Empire où ils payeront automatiquement le déficit budgétaire anglo-saxon par le biais d’un euro dollarisé. Un premier pas a déjà été franchi avec l’accord conclu entre l’Union européenne et le FMI, accordant au Fonds une tutelle partielle sur la politique économique de l’Union.

Le directeur du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, et la chancelière allemande, Angela Merkel. Interdite de retourner au Deutschemark, l’Allemagne a dû consentir à un emprunt européen auprès du FMI.
L’attaque financière lancée contre la Grèce en raison de sa dette souveraine et de son insolvabilité potentielle, s’est vite révélée être en fait une offensive contre l’Euro et n’avoir qu’un rapport lointain avec les tares et déficits structuraux de l’économie hellénique elle-même. Des « vices » au demeurant largement partagés par la plupart des pays post industriels qui ont pris la très mauvaise habitude de vivre au-dessus de leurs moyens et à crédit ; d’où une inflation galopante de la dette, une « bulle » comme une autre vouée in fine à l’éclatement.

Or tout semble indiquer que derrière la brutalité de l’attaque et qu’au-delà d’une simple ruée au pillage des économies européennes, se profilent d’autres objectifs, d’ordre géopolitique notamment, et ceux-là mûrement réfléchis. Car, en aucun cas, les appétits, aussi aiguisés soient-ils, de prédateurs financiers anonymes ne peuvent expliquer l’intensité dans la durée d’une offensive qui, à court terme, menace de faire voler en éclat la zone euro, l’Union des vingt-sept, voire bien au-delà…
La multiplication des crises ces deux dernières décennies aidant, une lecture rapide du déplacement des pions sur le Grand échiquier eurasiatique laisse à penser que l’Europe est actuellement le théâtre d’une bataille dans le cadre d’une guerre géoéconomique (guerre au sens propre et entier), une bataille qu’elle a d’ailleurs déjà potentiellement perdue.
En effet, l’adoption d’un plan européen — sur les instances pressantes de la Maison-Blanche — pour le renflouement de la dette publique des Etats membres de l’Union ne constitue non seulement pas une panacée, un remède durable à la crise budgétaire structurelle qui affecte désormais « tous » les États occidentaux, mais va dans le sens désiré par le mentor états-unien d’une intégration rapide de l’Union européenne, préalable obligé à la constitution d’un bloc occidental soudé.
Un plan européen qui répond à une crise de confiance, de solvabilité (largement artificielle au départ, mais devenue contagieuse et faisant boule de neige), par la recapitalisation des États comme s’il s’agissait d’une simple crise de liquidités. Un plan européen de 750 milliards d’euros supérieur au plan Paulson d’un montant de 700 milliards de dollars destiné, après la débâcle des établissements financiers américains de septembre 2008, à les renflouer sur fonds publics. Une solution dont on voit les effets à présent en ce que la recapitalisation du secteur privé financier a eu pour conséquence aberrante d’accroître lourdement la dette des États des deux côtés de l’Atlantique.
Ainsi, la crise financière née aux États-unis, après avoir déclenché la récession c’est-à-dire désamorcé la pompe économique, a depuis, par voie de conséquence, tari les ressources fiscales des États rendant plus difficile encore le service d’une dette de plus en plus considérable. Or l’Union européenne vient d’ajouter de la dette à la dette avec ces quelque 750 milliards d’euros qui vont grever plus encore ses budgets nationaux (le taux moyen d’endettement de la zone euro étant actuellement de 78 %), ceci en vue d’hypothétiquement « rétablir la confiance des marchés »…
Pour ce faire l’UE vient — volontairement — de se placer sous la coupe du Fonds monétaire international qui va lui consentir des prêts à hauteur de 250 milliards d’euros. FMI qui avait jusqu’à présent plutôt vocation à soutenir les économies chancelantes du Tiers-Monde à grands coups de matraque assénés au moyen de ses plans dits d’ajustement structurel. C’est donc une entité supranationale à vocation « mondialiste » qui va en quelque sorte chapeauter, voire superviser plus ou moins directement les structures de gouvernance économique dont l’UE va assurément se doter si la zone euro ne se disloque pas spontanément entre temps.
Des structures intégratives réclamées à cor et à cri par Paul Volcker, directeur à la Maison-Blanche du Conseil pour la reprise économique (aux Etats-Unis), qui depuis Londres tance vertement les dirigeants européens exigeant la relance de l’euro dont Etats-uniens et Britanniques ont un besoin essentiel pour maintenir leur économie à flot.
Notons au passage que c’est vraisemblablement la mort dans l’âme que la chancelière allemande s’est résignée à souscrire à ce plan pharamineux de soutien aux pays défaillants de la zone euro alors que son homologue français — d’après une rumeur persistante — la menaçait de revenir au Franc si elle n’obtempérait pas. Mais s’il est vrai que « la fourmi n’est pas prêteuse », le retour au Deutsch Mark équivaudrait à signer l’arrêt de mort de l’économie allemande dont la monnaie trop forte ne lui permettrait plus alors d’exporter sa production industrielle, fondement de son économie. Un levier de chantage suffisant pour obliger Berlin d’accepter volens nolens, contrainte et forcée, de passer sous les fourches caudines dressées par l’administration Obama.
Oukases états-uniennes qui conduisent à un piège grand ouvert : les capitaux empruntés sur le marché ou prêtés par le FMI pour le sauvetage des « PIIGS »[1] menacés de cessation de paiement, doivent s’appuyer sur des structures garantissant la solvabilité à terme de l’euro ! Monnaie dont la solidité ne pourra être assurée que par ces institutions fédérales dont Jacques Attali se fait l’inlassable promoteur dans nos médias en réclamant « la création d’une Agence européenne du Trésor, immédiatement autorisée à emprunter au nom de l’Union, et d’un Fond budgétaire européen, immédiatement mandaté pour contrôler les dépenses budgétaires des pays dont la dette dépasse les 80 % du PIB ».
Il s’agit en fin de compte, ni plus ni moins, d’imposer la mise sous tutelle économique des États sous couvert de sauver la zone euro condamnée — paraît-il — à une inéluctable faillite… puisque l’abandon de la monnaie unique est un tabou intransgressible auquel nul ne songe apparemment à toucher.
Certains projets vont plus loin qui prévoient déjà que les budgets des Etats de la zone euro soient entièrement contrôlés et décidés par un triumvirat composé de la Commission de Bruxelles, de la Banque Centrale Européenne et de l’Eurogroupe. À ce stade quid de la volonté populaire et du Parlement de Strasbourg ?
Or nul ne se soucie de dénoncer le sophisme ou le paralogisme que constitue cette mise en équation de l’intégration économique et du retour à la confiance des marchés. D’abord pourquoi les marchés imposeraient-il leurs lois, eux et eux seuls ? En outre, ne serait-il pas temps de remettre en question le capitalisme actionnarial, anonyme et versatile, capable de ruiner les nations selon son bon plaisir ou ses calculs ?
La gouvernance économique européenne n’est à ce titre pas plus la panacée que l’inondation de liquidités n’est la solution à la crise actuelle. Le surendettement induit par le « plan » est à n’en pas douter une fausse solution imposée de l’extérieur avec pour finalité de nous enchaîner toujours davantage, nous autres Européens, aux marchés des capitaux et à leur dictature indicible.
L’idée de la gouvernance économique procède de la même démarche car elle est à proprement parler un non-sens en ce qu’elle ignore tous les différentiels sociétaux intervenant à tous les étages de la construction européenne : types ou modèles de croissance, régimes fiscaux et sociaux, et cætera. Une « idée » qui n’en est pas une, et parce qu’elle est de nature foncièrement idéologique… un projet derrière lequel se tiennent en embuscade nombre d’arrière-pensées tout à fait étrangères à la prospérité économique et au bien-être des peuples de l’Union.
D’aucuns ont bien vu que la crise n’était que le moyen et le prétexte de précipiter l’instauration d’un système fédéral dur pour les Vingt-sept en dépit et au mépris des volontés populaires auxquelles le Traité de Lisbonne a été imposé de la plus sournoise façon. Une crise qui est et demeure — gardons ce fait capital présent à l’esprit — artificielle, fabriquée, en un mot le contraire d’une « fatalité » inhérente à ce qui serait une vie autonome et désincarnée des marchés dirigés par une « main invisible ». Un processus réputé « machinal » mais qui pour être anonyme n’est pourtant pas moins constitué de la chair et des os de ces grands manieurs d’argent et autres donneurs d’ordre qui font la pluie et le beau temps sur les Bourses.
C’est pour cette raison que les Etats-Unis parlent un double langage par le truchement d’une double voix. Celle des « marchés » et celle de son président qui intervient pour tancer les Européens et les presser impérativement de stabiliser leur monnaie, autrement dit les politiques économiques européennes indissociables de la santé, bonne ou mauvaise, de leur monnaie. Cependant n’allez pas imaginer un seul instant que cela ressemble de près ou de loin à de l’ingérence dans les affaires de l’Europe continentale. Représentez-vous Mme Merkel et M. Sarkozy enjoignant la Maison-Blanche de faire le ménage à Manhattan ?
L’autre voix appartient à ceux qui font la pluie et le beau temps sur les marchés… bref, les donneurs d’ordre anonymes, inidentifiables pour les gouvernements eux-mêmes comme l’a piteusement avoué le ministre français des Finances, Mme Lagarde. Ceux qui jouent au yoyo avec les Bourses comme le chat joue avec la souris, anticipant les baisses et les hausses qu’ils suscitent de toutes pièces.
Ces oligarques se recrutent en premier lieu parmi les représentants de la haute finance, des complexes militaro-industriels, des méga groupes du pétrole et la chimie ou du génie génétique, mais également parmi les idéologues et théoriciens attachés à la légitimation du « système », les nouveaux clercs (prêtres) de la religion du profit comme nouveau monothéisme, celui du marché. Or ces gens-là ont un tout autre discours en acte.
Pour Paul Volcker, directeur à la Maison-Blanche du Conseil pour la reprise économique, les Européens doivent accepter une gouvernance économique externe et placer l’euro à parité avec le dollar.
Car comment expliquer l’évidente contradiction existant entre les inquiétudes exprimées par le président Obama — légitimes au demeurant, car les É-U ont besoin d’un euro fort pénalisant les exportations européennes, mais avantageant de cette manière les industries américaines ; un bonus utile au regard de déficits abyssaux (1400 milliards de dollars) et surtout nécessaire pour soutenir l’effort des guerres en cours, Irak, Afghanistan et Pakistan — et la poursuite de la déstabilisation en profondeur des économies occidentales par des attaques réitérées des marchés contre l’euro ?
Aussi voraces, inconséquents voire irrationnels soient-ils, les « opérateurs » sont conscients que la poursuite de l’offensive contre l’euro met en péril le système dans son ensemble et risque de précipiter l’économie mondiale dans une nouvelle phase de chaos. Alors pourquoi cette danse au bord de l’abîme ? Nul ne nous fera croire à cette billevesée selon laquelle les marchés vivent de leur vie propre, qu’ils sont incontrôlables et que tout cela ne serait dû qu’à un emballement de la machine économique… Bref, que tout cela serait « la faute à personne » , mais la simple conséquence d’une impossibilité à gérer les acteurs et les dérapages irrationnels des marchés ?
Alors disons-le tout net, le risque d’effondrement systémique est au cœur même de la partie qui se joue actuellement. Les grands joueurs, froids calculateurs, sont des adeptes manifestes de la « théorie des jeux » (de Neumann et Morgenstern), construction probabiliste à la base de ce qui fut la doctrine de la dissuasion nucléaire… Celui qui gagne est celui qui va le plus loin dans la surenchère létale. Un cas de figure qui correspond trait pour tait à ce que nous vivons actuellement : une déstabilisation croissante des économies européennes, avec des incidences non négligeables outre-Atlantique.
Ajoutons que le chaos financier, monétaire et économique, des deux côtés de l’Atlantique est une indéniable aubaine, pour ceux, répétons-le, qui prospèrent dans le ressac des cours de Bourse, provoquant et anticipant les mouvements de panique et d’euphorie pour jouer indifféremment les courants ascendants et descendants sur des marchés rendus hystériquement erratiques.
Au début du XXe siècle, l’économiste Werner Zombart théorisait pour sa part la « destruction créatrice » (reprise ensuite par Joseph Schumpeter). Depuis cette idée a fait son chemin via, entre autres, la théorie mathématique du Français René Thom (théorie dite des « catastrophes »). Revue et corrigée par Benoît Mandelbrot, celle-ci s’appliquera via la géométrie des fractales à la vie des marchés dès lors perçus comme relevant d’une théorie du chaos, décidément très à la mode.
Entre-temps l’économiste Friedrich Von Hayek, l’un des théoriciens du néolibéralisme, prétendit hisser l’économie libérale au statut de science exacte. Ainsi, selon son hagiographe Guy Sorman « le libéralisme converge avec les théories physiques, chimiques et biologiques les plus récentes, en particulier la science du chaos formalisée par Ilya Prigogine. Dans l’économie de marché comme dans la Nature, l’ordre naît du chaos : l’agencement spontané de millions de décisions et d’informations conduit non au désordre, mais à un ordre supérieur »… On ne saurait mieux dire, car a priori nous détenons là la clef d’interprétation de la crise.
À la fin des années 90, les néoconservateurs adeptes de Léo Strauss vont porter à son paroxysme logique le nouveau dogme du désordre supérieur en se faisant les chantres du chaos constreur comme légitimation a priori de toutes les guerres de conquête du XXIe siècle. De ce point de vue, chacun peut voir le chaos à l’œuvre dans le Greater Middle East comme il peut le voir à l’œuvre aujourd’hui en Europe.
Gageons que le nouvel ordre régional que les grands agenceurs de chaos entendent faire sortir de la crise actuelle, sera une Europe unifiée, centralisée et fédérative, placée sous la coupe directe des États-unis par le truchement de la Réserve fédérale américaine dont la Banque centrale européenne ne sera plus qu’une succursale, et sous le regard vigilant du FMI, représentant ou émanation d’un pouvoir mondial émergent, aussi déterritorialisé que tentaculaire.
On comprend assez vite que la déification du marché associée à l’idée d’un « chaos constructeur » lui-même complétée par un usage intensif de la théorie des jeux maniée par des adeptes de la démolition, constitue un mélange assez détonnant en passe de nous sauter au visage. Un constat s’impose ici : à savoir que le « chaos » (intentionnel) est à ce jour un mode de gouvernement, de transformation sociétale et de conquête sans coup férir. Une version dure du divide et impera (diviser pour régner) dussent les Nations périr et les peuples avec.
Car le jeu en vaut la chandelle si à l’arrivée l’Europe se trouve mise à genoux. La Grèce — certes l’un des ventres mous de la zone euro mais pas tellement plus que l’Italie, l’Espagne, l’Irlande, le Portugal — a été jusqu’ici une sorte d’électron libre contrariant une pleine intégration des Balkans dans le maillage géostratégique états-unien.
En guise de conclusion provisoire, si l’Union européenne, à l’occasion de la crise, avance à marche forcée vers une gouvernance économique fédérative, une étape sera franchie conduisant vers l’attribution d’un pouvoir quasi discrétionnaire à la Commission européenne pour l’essentiel composée de technocrates non élus et recrutés pour une allégeance atlantiste inoxydable. En clair, cela signifiera l’effacement des États-nations européens.
De facto plus rien ne s’opposera plus à l’intégration de l’Europe au sein d’un Bloc transatlantique. À terme la fusion de l’euro et du dollar scellera la réunion de l’Ancien monde et Nouveau monde. Il ne s’agit évidemment pas de pures spéculations mais d’une simple projection des tendances architectoniques visiblement à l’œuvre dans le cadre un d’un processus de redistribution ou de recomposition géopolitique, de la carte mondiale. Autant dire que si la zone euro n’éclate pas, le sort des peuples européens semble définitivement scellé, c’est-à-dire enchaîné pour le meilleur et pour le pire à la « Destinée manifeste » des Etats-Unis. Cela indépendamment d’une réforme du système économique mondial. Les financiers y laisseront peut-être également des plumes si la Communauté internationale s’entend pour brider leurs appétits en réglementant les marchés, il n’en reste pas moins que les promoteurs du chaos constructeur auront partie gagnée en créant les conditions de nouveaux embrasements.
Car le « pire », souvent évoqué en France par des hommes d’influence tels Bernard Kouchner et Jacques Attali, est ce qu’il y de moins improbable lorsque les gouvernements, le dos au mur, se voient réduits à la fuite en avant. Au Koweït en 1991, en Irak en 2003 parmi les buts de guerre à peine voilés se trouvaient en bonne place la relance du moteur économique par les chantiers prévus de reconstruction… Ceci pour ne pas mentionner d’autres intérêts plus évidents et plus immédiats tels les énergies fossiles, les ventes d’armes et tous les marchés qui en sont dérivés.
Quels que soient les accords sur l’enrichissement d’uranium à usage médical passés entre la Turquie et l’Iran, quels que soient les contrariétés diplomatiques que ces rapprochements entre alliés et ennemis des États-unis procurent au Département d’État, il suffit de relire le fabuliste Jean de La Fontaine pour savoir que la rhétorique du loup l’emporte toujours sur celle de l’agneau ! Attendons-nous, dans le contexte actuel d’extrême fragilité de l’économie mondiale, à une sortie de crise par la douloureuse porte du chaos constructeur.
Jean-Michel Vernochet
Ancien journaliste au Figaro Magazine et professeur à l’École supérieure de journalisme (ESJ-Paris). Dernier ouvrage paru : Europe, chronique d’une mort annoncée (Éditions de l’Infini, 2009).
http://www.gaullisme.fr/?p=7247
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